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La guerre, un prétexte pour continuer les énergies fossiles

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 La guerre, un prétexte pour continuer les énergies fossiles

 

Le conflit entre la Russie et l’Ukraine ne fait qu’amplifier la crise énergétique à l’œuvre depuis l’été 2021. Les Etats européens parent au plus pressé plutôt que d’enclencher une véritable transition énergétique, constate dans sa chronique Stéphane Lauer, éditorialiste au « Monde ».

 

L’invasion de l’Ukraine par la Russie aurait pu faire coïncider l’agenda diplomatique avec la lutte contre le changement climatique. La nécessité de s’affranchir des hydrocarbures russes pour faire pression sur Vladimir Poutine afin de stopper le plus rapidement possible l’agression était l’occasion de joindre l’indispensable (la sécurisation des approvisionnements énergétiques) à l’essentiel (l’accélération de la transition énergétique).

Mais dix semaines après le début des hostilités, les mauvais réflexes demeurent. Les économies européennes parent au plus pressé. Il s’agit davantage de trouver d’autres fournisseurs d’énergies fossiles plus fréquentables que de commencer un sevrage qui, seul, permettrait de véritablement changer la donne.

Plutôt que de se focaliser sur l’urgence de la sobriété et de décréter une mobilisation générale pour produire davantage d’énergies vertes, les investissements dans le pétrole et le gaz repartent allégrement à la hausse, risquant de mettre en péril les engagements pris dans le cadre de l’accord de Paris. A la guerre comme à la guerre, répondent en chœur industriels et dirigeants politiques. Mais ce conflit est un mauvais alibi pour continuer à miser sur les énergies fossiles.

Contrairement à un scénario répété à l’envi, la guerre russo-ukrainienne n’est pas le déclencheur de la crise énergétique actuelle. Elle ne fait qu’amplifier un phénomène qui s’est manifesté dès l’été 2021 avec une hausse brutale des prix du pétrole et du gaz. C’est à ce moment qu’il aurait fallu commencer à accélérer la transition énergétique.

Les Européens ont préféré faire le dos rond en misant sur un retour rapide à la normale. D’où les dispositions de court terme qui ont été prises pour préserver le pouvoir d’achat, sans profondément changer notre mode de consommation d’énergie. « La priorité a été donnée à des choix politiquement faciles mais qui sont économiquement coûteux et environnementalement désastreux », estime Thomas Pellerin-Carlin, directeur du Centre énergie de l’Institut Jacques Delors.

L’exemple du gaz naturel liquéfié (GNL) est emblématique de ces choix. Recourir à cette solution dans l’urgence pour diversifier l’approvisionnement et se rendre moins dépendant de la Russie peut se comprendre à court terme. Mais les options prises actuellement, qui s’inscrivent dans la durée, sont beaucoup moins justifiées. Sur le plan économique, le GNL se négocie sur un marché très instable et se révèle assez coûteux. Sur le plan écologique, la liquéfaction est un procédé extrêmement énergivore, sans compter les fuites de méthane tout au long de l’acheminement. Pris globalement, le cycle de production n’est pas beaucoup plus vertueux que celui du charbon.


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